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défilé allemand en 1940
défilé allemand en 1940

Etoile n°1: Chap. 4. Du 14 au 25 juin 1940

«J'ai rencontré ton grand-père, exactement, le 30 juin 1940.Mais les allemands sont arrivés le 14 juin.»

Marie marqua une nouvelle pause mais reprit

«C'était horrible. En septembre 1939,on pensait vaincre les allemand très rapidement, que se serait comme en 1918, un armistice vite signé avec encore beaucoup d'avantages illégitimes pour la France. Notre fleur au fusil fana vite.

Le 14 juin 1940, tout le monde avait appris la nouvelle, les allemands aux portes de Paris. Rêves de nouvelles victoires, et notre grande héroïne, la ligne Maginot sont tombés. On a tous fuit en silence, attendant sans doute d'être rattrapés, on avait été abandonnés par le gouvernement, Pétain et ses sbires s'étaient eux-mêmes enfuis, à Bordeaux. Pour nous, il n'y avait qu'une seule issue: FUIR.

Je passais devant ces visages indiférents considérant notre aisance à partir alors que c'était nous qui l'avions provoqué cette "drôle de guerre". Popur la première fois j'ai eu honte de ce que j'étais.

Nous sommes partis en voiture, mon oncle et ma tante ainsi que leur fille, Anne-Marie, nous accompagnaient dans une autre voiture. Mon cousin était parti à la guerre avec mes frères. La sœur de mon père, Rosaline, avait épousé un médecin très connu, Gustave, elle était insupportable, méprisante et ne ratait jamais une occasion de rabaisser ma mère qu'elle ne pouvait tolérée, étant issue d'un milieu social inférieur à elle. Autant dire que ces « vacances » s'annonçaient bien. »

Un petit sourire se dessinait sur les lèvres de Marie. Adèle l'arbore également, et interroge :

« Tu ne semble pas très proche de tes oncles et tantes et de ta cousine.

-J’appréciais beaucoup ma cousine, elle était indépendante, peut-être, un peu trop pour l'époque mais j'avais beaucoup d'estime pour elle, j'enviais son autonomie. Anne Marie s'était marié, un an et demi auparavant, il était beau, gentil et surtout richissime, ce qui importait beaucoup pour ses parents. Anne-Marie attendait la fin de la guerre pour s'installer avec lui, aux États-Unis.

Alors, nous huit, sommes partis vers la Bretagne, mon père voulait pouvoir rentrer très vite. Il croyait que l'armée allait se relever et que Pétain reviendrait vite. Pour lui, cette situation était provisoire. Mais ma mère avait peur pour nous, et surtout pour mes trois frères. Elle qui était si calme d'habitude semblait sans cesse agitée.

Nous roulions lentement, en dépassant des dizaines et dizaines de personnes à pied. On a tous fuit en silence, attendant sans doute d'être rattrapés, le gouvernement s'était lui-même enfui à Bordeaux. Pour nous, il n'y avait qu'une seule issue: FUIR.

Les soldats étaient partis, derrières la ligne Maginot, pour la protéger, ils avaient échoué, et devaient rentrés à Paris.

Louis et Henri m'écrivaient régulièrement, Jean, beaucoup moins, il préférait écrire à Suzanne. Aucun d'eux trois, n'avait encore 30 ans, Louis s'était marié en août dernier. Il avait quitté la maison pour s'installer juste le temps d'un mois avec Madeleine, elle était blonde, avec des yeux verts pétillants.Je garde une image très nette et belle d'elle. Née en 1914, elle était espiègle, et enthousiasme. Je l'avais connue le jour de leurs fiançailles, à peu près un an et demi, avant leur mariage. Je l'avais tout de suite adorée, nous nous voyions régulièrement et comme Louis, elle m'était d'un très grand soutien.

Henri s'était fiancé précipitamment, un peu avant son départ, elle s'appelait Louise et avait le même âge que lui. Elle était parti avec sa famille, elle habitait encore chez eux, le temps du retour de Henri et du mariage.

Quand j'avais appris qu'on devait partir, je m'étais précipitée chez Madeleine , pour la prévenir et pour qu'elle vienne avec nous. Elle avait refusé tout net, elle voulait attendre Louis . Elle était seule dans l'appartement dans son appartement et les allemands étaient dans Paris.

J'avais peur .

Peur, de ne jamais rentrer à Paris, de ne plus revoir mes frères ou Louise ou Madeleine. Peur du changement que les allemands pourraient faire dans notre quotidien si parfait et si tranquille. Peur que la « drôle de guerre » ne me rende jamais mes frères, si chers à mes yeux.

On est restés une semaine, dans la peur. Ma mère restait à la maison, dans le salon,soit devant le téléphone, soit sur son canapé, à tricoter. Elle avait laissé un mot, à Paris, pour Louis, Henri et Jean, leur disant de venir immédiatement ici. Elle était rongée par l'inquiétude.

Mon père était l'exact opposé: il était sûr que si ils n'étaient pas là, c'était pour défendre la patrie et qu'ils pouvaient, eux au moins, être fiers de combattre.

Il était près de ma mère, il lisait son journal acheté le matin, il se croyait en vacances, pour une petite semaine.

Suzanne ne disait rien, elle s'occupait sans cesse, à coudre ou à dévorer les quelques livres que nous avions, j'étais persuadée, qu'elle ne s'inquiétait pas que pour nos frères, à mon avis, il y avait un futur fiancé, là-dessous.

Tandis que j'étais très préoccupé par le sort de mes frères, Jeanne voulait toujours aller à la plage, elle voulait s'amuser avec notre cousine, sans jamais penser au désastre que pouvait créer l’Occupation de la France.

Ma tante fidèle à elle-même, critiquait la décoration de notre maison du bord de mer et les alentours. Quant à Gustave, il lisait le journal, écoutait la radio, et grognait quant aux nouvelles.

Le 22 juin, l'armistice nous achève après l'appel à la radio de de Gaulle, le discours de Pétain, et l'invasion des villes de Loire parles allemands. Aucun espoirs ne pouvaient subsister, maintenant. Jeanne n'allait plus à la plage, ma tante ne crachait plus son venin, mon oncle grognait d'autant plus, mon père ne pipait mot, ma mère n'avait toujours aucunes nouvelles de ses fils et ça la terrorisait. Suzanne et Anne-Marie sanglotaient dans leur coins, l'une pour son amour dont elle n'avait aucune nouvelle et l'autre pensant à son avenir sans doute brisé.

Le 25 juin, nous rentrions dans l'ancienne capitale. »

Adèle se lève, remplit les deux tasses, et se rassoit.Marie ne répond pas à sa question. Mais elle ne veut pas la forcer et se laisse à croire que la suite viendra.

Tag(s) : #Marie, #Etoiles n°1, #20ème siècle
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